Avoir une fille, c'est comme arroser le jardin du voisin.

Les chiffres publiés lundi 29 janvier par le gouvernement indien sont hallucinants. Il "manque" aujourd’hui plus de 63 millions de femmes en Inde, auxquelles s'ajoutent 21 millions de femmes non désirées. C'est ce que dévoile un rapport rendu lundi 29 janvier au gouvernement indien sur le ratio hommes-femmes en Inde. C’est dire à quel point la naissance d’une fille est encore vécue comme une calamité, alors qu’on imaginait que la progression économique de ce pays s’était accompagnée d’une amélioration de la condition des femmes en Inde. On avait tout faux, comme le souligne le rapport. Rien ne s’est amélioré, bien au contraire.

Le culte du garçon 

À la racine de cette incroyable asymétrie, il y a d’abord le culte du garçon, du fils, qui prévaut en Inde mais aussi en Chine, l’autre pays en manque de femmes aujourd’hui. Ça commence souvent à l’échographie où se monnaye déjà la révélation du sexe de l’enfant à naître. Pourquoi ça se monnaye ? Parce qu’il est interdit aux médecins indiens de donner cette information, justement pour protéger les bébés de sexe féminin. Si le fœtus est féminin, alors dans la plupart des cas, et quand elle le peut, la mère avorte. Si elle ne peut pas, alors elle aura autant d’enfants qu’il le faut pour parvenir à avoir un fils.

Dans les familles pauvres, ce petit garçon sera nourri avant ses sœurs, il sera soigné en priorité aussi et il ira à l’école. Dans les familles riches, il sera choyé comme le seul héritier, aux dépens de ses sœurs. C’est la règle générale qui a, quand-même, quelques exceptions.

Le résultat de ce culte du garçon et de ce manque de femmes combiné a un coût : nombre de ces garçons arrivés à l’âge adulte sont aujourd’hui célibataires, dans l’incapacité de fonder une famille. Conséquence : le manque a favorisé le pire, par exemple le trafic de jeunes filles kidnappées et vendues au plus offrant. Une lueur au bout du tunnel : le rapport concluait sur la nette amélioration du niveau d’éducation des filles.

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