Amazon : le double discours.

Au mois de février dernier, dans la vague de #MeToo, Amazon, le géant du commerce en ligne et producteur de films et séries, a licencié l’acteur Jeffrey Tambor, star de la série maison Transparent.

 

Amazon s’intéresserait donc aux droits des femmes. Il faut aussi mettre au crédit d’Amazon la mise à l’écart en janvier dernier de Roy Price, patron d’Amazon Studios, accusé de harcèlement sexuel, et visé par plusieurs plaintes. Et si on ajoute à ces spectaculaires licenciements la politique maison qui, depuis 2016, s’enorgueillit d’une parité des salaires à 99,9%, on se dit que, en effet, ce géant, qui n’est pas à l’abri de tous reproches, est au moins digne sur le terrain du respect des droits des femmes.

 

Le viol et le meurtre d'une fillette de 8 ans.

 

Mais en fait... non. Ou alors ne sont concernées par cette politique que les femmes américaines ou occidentales. Ce n’est pas tout à fait la même chose avec l’Inde, un grand pays de cinéma, où Amazon, a très vite noué des contacts avec les professionnels. Le résultat est visible sur la plateforme Prime, qui propose un très grand choix de films indiens. Il est donc normal pour le géant de sponsoriser les stars de Bollywood, qui en échange font la promo d’Amazon.

Parmi ces stars courtisées, iil y a Swara Bhaskar, tout juste trentenaire, star montante de Bollywood, sollicitée pour faire la promo d’un sound system vendu par Amazon via son compte Twitter. Ce qui fut fait. Une semaine plus tard, un fait divers atroce commis trois mois plus tôt provoque un émoi national en Inde : le viol collectif suivi du meurtre d’une petite fille de 8 ans, empoisonné par un contexte religieux tendu. La fillette est musulmane, ses agresseurs sont hindous et ça n’a rien d’un hasard.

A l’image de nombreux Indiens révoltés par cette horreur, Swara Bhaskar tweete les mots suivants : "Je suis indienne, j’ai honte, #JusticeForAasifa".

Pas de quoi réveiller mémé en plein milieu de la nuit. Pourtant Swara Bhaskar devient aussitôt la cible de trolls hindous. Qui très vite appellent à boycotter Amazon, coupable de proximité avec l’actrice. Mais Amazon, c’est 30% du marché du commerce en ligne en Inde, alors pas d’hésitation, le géant a coupé toutes relations avec l’actrice et supprimé le tweet de promo.

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